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Un super-héros pour Grenoble

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4137159815.jpgUn journaliste du Figaro, commentant l’album Masqué de Serge Lehman et Stéphane Créty, a écrit que le super-héros était forcément lié aux grandes métropoles. Je n’en crois rien. S’il est produit pour défendre symboliquement l’être humain, il est présent partout. Il peut non seulement arrêter des brigands dans les grosses villes, mais aussi combattre des extraterrestres, des monstres venus de la mer, des géants de la montagne, et tout ce qu’on voudra qui peut représenter une menace. Le propre du super-héros n’est pas la grosse ville, mais son costume qui le masque et le transfigure. Il est l’expression du double dont on rêve. Il s’oppose au héros traditionnel en ce qu’il est une singularité détachée de l’histoire officielle : évoluant en dehors de la politique, il est foncièrement issu du Romantisme.
 
Si le super-héros était propre à la grande ville, il ne serait que le descendant d’Auguste par opposition aux héros grecs, qui parcourent les montagnes et la mer et sont liés à des cités assez petites. Or, en réalité, c’est le contraire qui est vrai : rien n’étant plus profondément lié à l’histoire politique que Rome, les super-héros ressemblent davantage aux légendaires demi-dieux de la Grèce primitive. D'ailleurs, Hercule a été intégré aux super-héros de la compagnie Marvel...
 
Si le super-héros a pu se lier à la métropole moderne, c’est parce que l’idée de jungle urbaine s’est développée - parce que les plus grosses villes américaines ne sont pas celles qui détiennent le pouvoir politique. Elles sont des développements économiques, comme ne sont pas les grandes capitales européennes de façon pure, étant dans le même temps des centres administratifs. Bien sûr, elles n’en ont pas moins crû comme leurs sœurs d’Amérique : elles ont aussi une part de monstruosité, émanée de la révolution industrielle.
 
Mais de nombreuses petites villes sont dans le même cas. L’image du super-héros n’est en rien restrictive ; il est faux que Paris, par exemple, soit plus propice à la mythologie qu’une autre cité de France. Si on le pense, pour moi, c’est surtout parce qu’on dépend encore de la tournure d’esprit propre à l’ancienne Rome - telle que la symbolise Auguste divinisé.
 
Or, j’ai récemment lu une bande dessinée sur un surhomme étrange, Elementar, jeune homme gouvernant à sa guise les éléments, et apparu dans la ville de Grenoble. Il s’est fait un costume qui le masque, et l’histoire fonctionne bien : elle est mêlée au folklore local, comme le sont souvent les super-héros américains. Car il combat une secte d’hommes-loups, et le Dauphiné est connu pour avoir beaucoup lutté contre les loups, autrefois. On ne voit pas pourquoi Elementar aurait besoin de se rendre à Paris, Grenoble est déjà culturellement assez riche ! Et cela, même si l’éditeur a écrit, dans le magazine qui publie les aventures de ce héros, qu’il se passait des choses, dans la cité alpine - finalement. L’adverbe suggère qu’on ne pouvait pas s’y attendre ! C’est, il me semble, une erreur : l'Esprit souffle où il veut.

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